La Turquie et les Arméniens : La
dénégation d’aujourd’hui est
l’holocauste de demain
Par Yossi SARID , 11 oct. 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/912094.html
traduction Louise Kiffer
Le membre du
Congrès Adam Schiff qui a proposé la
résolution de nommer les massacres
arméniens un génocide, est juif. La
nation juive devrait être reconnaissante
à l’initiative de Schiff, car il a
sauvé l’honneur juif en Amérique, Israël
et partout. Il a restauré notre image
humaine, en contraste avec les
négationnistes cyniques du génocide qui
sont pour toujours en quête de
dédommagement pour être les perpétuelles
victimes.
Adam Schiff marche dans les pas d’ Henry
Morgenthau un autre Juif, qui fut
ambassadeur en Turquie à cette
époque-là. Il a appelé les massacres : «
Le plus grand crime de l’histoire
moderne »
Adam Schiff est aussi l’élève d’un autre
Juif, Franz Werfel, qui sur son chemin
vers la Terre d’Israël, s’est arrêté à
Damas et a été scandalisé de voir « les
enfants arméniens réfugiés mourant de
faim, mutilés et malades ». Il publia le
livre « Les quarante jours du Musa Dagh
» qui choqua le monde.
En 1918, Shmiel Talkovsky, qui était
secrétaire de Haim Weizmann, écrit, avec
l’approbation de Weizmann : « Y a-t-il
une autre nation dont le sort soit plus
similaire à la nôtre que les Arméniens ?
»
Mais en Israël aujourd’hui il y a des
Juifs qui sont moins que Juifs, et des
Sionistes qui sont moins que Sionistes,
y compris les chefs d’Etat et les chefs
du gouvernement. Dénier l’Holocauste
d’une autre nation n’est pas moins laid
que dénier le nôtre. Il est aussi
dangereux. La dénégation d’aujourd ’hui
est l’Holocauste de demain. Le génocide
arménien n’a pas été le premier de ce
siècle. L’armée impériale allemande a
tué 100 000 Namibiens en 1904.
En 1915, le génocide arménien a
commencé, les Ottomans ont tué un
million et demi d’entre eux de diverses
façons. Si le monde s’était élevé en
protestation contre les Namibiens et les
Arméniens, l’Holocauste des Juifs aurait
peut-être pu être évité. Cela n’est pas
une simple supposition, c’est
probablement un fait. Une semaine avant
d’envahir la Pologne, Hitler s’adressa
ainsi à ses officiers (24 août 1939) : «
Cela m’indiffère qu’une faible
civilisation occidentale dira de
moi…J’ai ordonné à ma formation ‘Tête de
Mort’ de tuer sans pitié et sans
compassion les hommes, femmes et enfants
de descendance et de langue polonaises.
Qui, après tout, parle aujourd’hui de
l’anéantissement des Arméniens ? »
Tel a été le message d ‘Hitler pour
calmer ses troupes .
La prochaine fois qu’un ennemi d’Israël
– Mahmoud Ahmadinejad, par exemple –
déniera l’Holocauste juif, et que nous
nous lèverons en criant haro sur lui, il
y aura quelques Gentils suffisants prêts
à dire : « Vous avez raison, mais nous
avons nos propres Turcs ».
En tant que victimes naturelles et
historiques nous devrions être les seuls
à répandre le message d’un bout du monde
à l’autre ; ce qui nous est arrivé peut
arriver de nouveau, à nous et aux
peuples du Rwanda, de Bosnie, du
Cambodge, du Soudan et de Birmanie.
Il n’est pas nécessaire de comparer les
holocaustes pour reconnaître la
souffrance des autres nations.
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