Interview d'Antonia Arslan
par Vahram Emiyan

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Traduction Louise Kiffer


14 mai 2008 sortie en France du DVD: "LE MAS DES ALOUETTES" d'après le livre d'Antonia Arslan.

Antonia Arslan est née à Padoue, en Italie en 1938. Elle est diplômée en archéologie, a été professeur de littérature italienne moderne et contemporaine à l'Université de Padoue, et auteur d'études d'avant-garde sur la littérature féminine italienne au 19ème et 20ème siècle ; "Dame,Droga e Galline, un essai sur le roman d'aventures, et sur le roman populaire italien.

Par l'œuvre du grand poète arménien Daniel Varoujan, Le Chant du Pain, qu'elle a traduit, Antonia Arslan a redécouvert la profonde identité arménienne méconnue. Elle a publié une brochure d'information sur le génocide arménien "Medz Eghèrn, le Génocide des Arméniens" par Claude Mutafian, et une collection de témoignages oculaires par des survivants réfugiés en Italie "Houshérs, des souvenirs, les voix italiennes des survivants italiens" tous deux édités par Guérini.

En 2004, Antonia Arslan écrivit son premier roman ; "La Masseria delle allodole" qui reçut les prix Stresa et Campiello. (traduit plus tard en français par Nathalie Bauer : "Il était une fois en Arménie" Ed. Robert Laffont - ndt)

Le 23 mars 2007 sortit le film tourné par les frères Taviani, intitulé en anglais "The Skylark Farm" (et en français "Le mas des Alouettes")

L'interview ci-dessous a été publiée dans le quotidien "Aztag" en avant-première du film au Liban.

Vahram Emiyan: Vous avez une licence d'archéologie, vous avez été professeur de littérature italienne moderne et contemporaine, vous êtes une essayiste et vous venez de publier votre premier roman. Comment expliquez-vous ces transitions ?

Antonia Arslan – Mon cas est celui d'une lente maturation. Les histoires orales que j'ai entendues quand j'étais enfant de mon grand-père Yervant, et de ma parentèle arménienne – qui venaient du Liban et de Syrie aussi, rendre visite à notre famille à Padoue – se sont accumulées dans mon âme, mon esprit et mon cœur. Mon instruction, toutefois, a été complètement italienne. J'étais ainsi une personne divisée en un sens, une personne qui cherchait immédiatement son identité arménienne – on peut le dire – cachée, si cela ne sonne pas trop mélodramatique, et la vérité. En même temps, j'était étudiante à l'université, puis professeur, dans une famille d'intellectuels et de professeurs . Ma propre voie de recherche de la vérité m'a conduite à l'archéologie, car l'archéologie – comme dans ma recherche personnelle - implique de creuser dans le passé. Cela m'a conduite à la littérature, comme les pierres et les briques: la réalité de l'âme humaine. Ce n'est que plusieurs années plus tard que mes recherches se sont fondues en un bloc.

V. Emiyan: Quand avez-vous décidé d'écrire le roman "La Masseria delle allodole" et pourquoi ?

Arslan – J'ai décidé d'écrire La Masseria delle Allodole après avoir écrit une nouvelle – qui est le prologue de mon roman. Cela eut lieu après ma découverte de l'aide que m'a apportée Daniel Varoujan à trouver la partie cachée de moi-même que je cherchais. Les deux personnes qui m'ont réellement poussée à écrire le roman furent deux amis : le Père Lévon Zékiyan et Siobhan Nash-Marshall, ce sont eux qui ont su, avant moi-même, que j'étais une romancière.

Emiyan: Quelle sorte de réaction a provoquée votre roman ?

Arslan – Les romans, comme vous pouvez bien l'imaginer, ont beaucoup plus d'influence immédiate que les souvenirs, les livres d'histoire, et autres travaux scolaires. Ils donnent au public une chance de s'identifier aux personnages, à leur détresse, à leurs destinées. "La Masseria delle Allodole" à ma grande surprise est un roman dans lequel les lecteurs se sont identifiés aux personnages. J'ai reçu de nombreuses lettres de gens qui avaient lu mes livres. Chacun d'eux m'écrivait quel personnage il avait préféré. Certains m'ont demandé pourquoi j'avais laissé mourir celui-là ! Tout cela était très touchant. Je leur ai répondu que c'était ce qui était arrivé. Mais ce qui est plus important que les lettres et les faits, est que les lettres montraient que mon livre avait permis à des gens de s'identifier à notre peuple: les Arméniens.

Emiyan: - En 2007, le roman a été transformé en film. Pouvez-vous nous expliquer la façon dont cette idée est née ?

Arslan – Un dimanche de janvier 2005, j'ai reçu un coup de fil des Taviani. Ils m'ont demandé s'ils pouvaient faire un film basé sur "La Masseria delle Allodole". J'étais ravie que des cinéastes aussi célèbres que les Taviani aient désiré être impliqués dans la cause arménienne.

V. Emiyan – Quels sont vos projets d'avenir ?

Arslan - Je suis en train de terminer une suite de "La Masseria delle Allodole". Je ne suis pas tout à fait sûre du titre que je vais lui donner.

V. Emiyan – Le film "Skylark Farm" va bientôt être projeté dans les théâtres libanais. A cette occasion que désirez-vous dire à la communauté arméno-libanaise ?

A. Arslan – Parév ! J'espère revenir au Liban bientôt et redécouvrir ma parentèle.

Source: http://www.aztagdaily.com/interviews/Antonia%20Arslan.htm