George Avakian a reçu le « Django d’Or » d’honneur

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Hier soir, 30 novembre 2006, c’était la 15ème cérémonie des Django d’Or au Pavillon Baltard, dans notre ville de Nogent-sur-Marne. Elle s’est déroulée, pour la première fois, sans Frank Hagège son fondateur, décédé récemment, mais dont l’épouse, Christiane, a pris la relève.

En fin de soirée, toute la salle archi comble était debout pour applaudir très longuement George Avakian qui reçut le « Django d’Or d’Honneur » pour sa brillante carrière et à l’occasion de l’Année de l’Arménie.

La soirée était animée par Smaïn et le Jean-Loup Longnon Big Band, avec comme invité vedette le violoniste Didier Lockwood. Après les mots de bienvenue du Maire de Nogent M. Jacques Martin et son éloge à George Avakian, le concert a commencé avec Nicole Croisille, accompagnée au piano par le brillant B. Arcadio. Elle a rendu un hommage émouvant au célèbre Nogentais Jean Sablon, car on fêtait aussi son centenaire. Tout au long de la soirée, les Django d’Or (la sculpture a été créée par Raymond Moretti aujourd’hui disparu) furent distribués aux meilleurs interprètes de jazz (entre autres, Riccardo Del Fra – « Musicien confirmé », Boulou et Elios Ferré – « Musiques sans frontières », etc.).

Après d’excellentes prestations de jeunes musiciennes et musiciens virtuoses, le chef d’orchestre et trompettiste Jean-Loup Longnon a fait une démonstration époustouflante de scat (chant sans paroles).
En clôture, les vedettes de la guitare Boulou et Elios Ferré, Patricke Saussois et leurs amis, auxquels s’est joint aussi Didier Lockwood, improvisèrent sur un thème célèbre de Django Reinhardt.

Grand amateur de jazz, critique et producteur, George Avakian est né à Armavir (Russie) en 1919 et a émigré très jeune aux E.U. Il est à l’origine du premier album (vinyle) de jazz de l’histoire dès 1948 chez Columbia et a lancé des musiciens comme Miles Davis, John Coltrane, Erroll Garner et beaucoup d’autres.
Nous nous connaissons depuis quelque 45 ans. Juste avant le début des cérémonies, alors que nous nous souvenions des moments passés ensemble à Tbilissi en… 1962, le maire de Nogent, le sous-préfet et l’ambassadeur d’Arménie se sont approchés et l’on salué chaleureusement.

Une anecdote avec George Avakian :
C’était dans l’avion Erevan-Moscou en 1960. Mon cousin Massis, qui était alors soigneur de l’équipe de football d’Arménie fut mis à l’écart de l’équipe, faute de place dans l’avion et dut prendre seul l’avion suivant. Alors qu’il pestait contre les déghatsis qui l’avaient méprisé une fois de plus en tant qu’aghpars, il décoléra très vite grâce à la conversation engagée avec la personne très sympathique assise à côté de lui et qui, de surcroît, parlait parfaitement le français, quelle aubaine ! La conversation tourna très vite sur le jazz. « Vous connaissez Miles Davis ? lui demande mon cousin. – Bien sûr, je le connais très bien. – Et Coltrane ? – Oui aussi. – Et Sonny Rollins ? – Oui… etc… – Vous connaissez George Avakian ? – Je suis George Avakian… »

Aujourd’hui, âgé de 87 ans, il a fait un discours plein d’humour en guise de remerciements lors de la remise du trophée.
Il a commencé son discours en arménien en s’adressant aux Arméniens (supposés) présents dans la salle. Malheureusement, à part ma famille et l’ambassadeur d’Arménie, il n’y avait pas d’autres Arméniens. Il a continué en français et a raconté comment il avait hésité à engager Miles Davis qui le lui avait demandé plusieurs fois. Finalement, il donna son accord en posant comme condition qu’il renonce à la drogue et qu’il forme un groupe permanent.
Mais il avoue qu’il n’aurait jamais imaginé… que Miles ait pu avoir, par la suite, un tel succès !

La 15ème cérémonie des Django d’Or au Pavillon Baltard a été entièrement filmée pour la T.V. et sera retransmise bientôt.

Nogent-sur-Marne, le 1er décembre 2006
Jean V. Guréghian