MANIFESTATION ASSYRIENNE
à Los Angeles, le 5 octobre 2008 - (AINA)

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Los Angeles, le 6 octobre 2008 - (AINA)
www.aina.org/news/20081006040516.htm

Traduction Louise Kiffer


Le dimanche 5 octobre 2008, la communauté assyrienne de Californie du sud s'est rassemblée au Federal Building de Westwood pour protester contre la suppression récente du Parlement d'Irak de l'article 50. Mrs. Rosie Malek-Yonan a prononcé le discours ci-dessous lors de la manifestation à laquelle ont participé plusieurs centaines d'Assyriens de différents groupes, organisations et églises:


Je m'appelle Rosie Malek-Yonan. Je suis assyrienne. Je suis ici devant vous aujourd'hui pour la nation assyrienne d'Irak.
Nous Assyriens venons de nombreuses communautés et appartenons à différentes églises, dénominations, groupes politiques, et parlons différents dialectes. Mais aujourd'hui nous sommes ensemble avec la voix de la solidarité.

Les Assyriens sont le peuple indigène de Mésopotamie, actuellement l'Irak. L'Irak d'aujourd'hui est notre patrie ancestrale. Ce fut notre foyer longtemps avant l'invasion arabe, et longtemps avant le découpage britannique de l'Irak actuel des restes de l'Empire Ottoman dans les années 1920. Nos traces écrites sont partout dans la région, riche de l'Histoire assyrienne, de sa culture et de ses traditions. Nous Assyriens parlons toujours la langue du Christ et avons été la première nation à accepter le christianisme au premier siècle après J.C. Nous avons vécu dans cette région pendant 6000 ans,, même après la chute Ninive, notre capitale. La nation assyrienne est profondément enracinée dans la région et a su maintenir son identité au cours des siècles, malgré les changements politiques, historiques et géographiques.

Depuis le début de la guerre d'Irak en 2003, la nation assyrienne a été assiégée, affrontée à un danger beaucoup plus grand que la moyenne des Irakiens musulmans. En tant que minorité chrétienne vivant en Irak, nous avons non seulement été privés de la plupart de nos droits humains élémentaires, mais les extrémistes islamiques ont obligé les Assyriens à quitter l'Irak, par différentes tactiques, telles que des attaques délibérées et systématiques, des enlèvements continuels par des kidnappeurs impitoyables, laissant les familles assyriennes pleurer leurs bien-aimés, même lorsqu'ils avaient payé la rançon. Les terres assyriennes et leurs propriétés sont confisquées et les familles sont chassées de leurs maisons.

Nos églises ont été ciblées et détruites parce qu'elles représentent le Christianisme. Notre clergé a été brutalement démembré et assassiné. Nos enfants ont été victimes de crimes odieux. Nos femmes ont été enlevées et violées. Nos hommes ont été enlevés et tués. Nos commerces et nos maisons ont été détruits.

Nous avons payé des rançons à nos ravisseurs depuis le début de la guerre. Notre communauté a été dispersée, mais notre esprit n'a pas été brisé et ne le sera jamais. Notre population de 1,4 million avant la guerre d'Irak a maintenant été réduite à moins d'un demi million. Les Assyriens demeurant encore à l'intérieur de l'Irak sont sujets à de violents crimes de haine et leurs droits humains ne sont pas respectés. Mais nous n'avons pas perdu espoir. Nous sommes toujours debout et n'avons pas cherché à nous venger. Nous n'avons pas répondu à la violence par la violence.

Les réfugiés assyriens qui ont traversé la frontière de l'Irak pour la Jordanie, la Syrie et le Liban vivent dans une grande misère. Alors qu'ils étaient auparavant des membres productifs de la société, ils en sont maintenant réduits à vivre comme des réfugiés, pauvres et négligés. Nous qui sommes rassemblés ici aujourd'hui, parlons pour eux. Nous sommes la voix des membres de notre nation assyrienne en Irak, qui ne peut pas se faire entendre aujourd'hui.

Récemment, les trois membres du Conseil de la Présidence d'Irak ont approuvé et adopté une nouvelle loi d'élections provinciales attendue depuis si longtemps, en supprimant la partie finale gênante pour les élections prévues début 2009. Cette loi doit permettre aux nouveaux Conseils Provinciaux de continuer la reconstruction économique de l'Irak.

Le 24 septembre 2008, les 275 membres du Parlement de l'Irak ont voté une loi provinciale, mais d'une façon stupéfiante pour les citoyens minoritaires d'Irak, particulièrement les Assyriens, ce qui a attiré les critiques des Nations Unies. Les membres du Parlement irakien avaient supprimé l'article 50, une clause clé qui réservait des sièges aux Conseils Provinciaux pour les Chrétiens et autres minorités.
La nouvelle loi autorise un quota fixé à 25 % pour les femmes, mais les autres minorités telles que les Chrétiens et les Yézidis ont été omis lors de la suppression de l'article 50 Nous demandons au Conseil de la Présidence d'Irak et aux membres du Parlement d'Irak ainsi qu'aux législateurs de rétablir immédiatement l'article 50.

Le jeudi 2 octobre 2008, Staffan de Mistura, représentant spécial de l'ONU, a désapprouvé la suppression de l'article 50, et a demandé à ce qu'il soit rétabli avant le 15 octobre. Malgré le fait que ce projet soit maintenant devenu effectivement une loi, le Parlement d'Irak peut modifier la législation.

La nation assyrienne lance un appel non seulement au gouvernement d'Irak, aux Etats Unis et aux Nations Unies mais aux citoyens du monde de se tenir à nos côtés pour réclamer nos droits et notre droit à une représentation.

Avec la suppression de l'article 50, l'Irak soi-disant "démocratique" va redevenir un Etat islamique conservateur qui ne reconnaîtra plus les droits des minorités, particulièrement ceux des Chrétiens.

La reconstruction de l'Irak ne peut pas réussir si les droits des minorités du pays leur sont enlevés.
En tant que peuple indigène né dans le berceau de la civilisation, l'identité assyrienne doit être reconnue et préservée, et par conséquent, les Assyriens demandent une représentation au Parlement irakien comme partie intégrante de l'avenir de l'Irak.

Sans tenir compte de leur nombre, les Assyriens vont toujours rester dans la région et vont continuer à appeler la terre entre le Tigre et l'Euphrate leur foyer ancestral légitime. Les Assyriens ont droit à leurs droits fondamentaux et à une représentation au gouvernement du pays dont ils sont les citoyens.
La démocratie en Irak va échouer si elle ne traite pas tous les membres de sa société avec équité devant la loi. La suppression de l'article 50 va assurer l'échec de la démocratie en Irak et va renforcer non seulement la discrimination envers les Assyriens dans leur ancienne patrie, mais va les traiter en citoyens de second ordre.

Les Assyriens ont déjà payé très cher depuis le début de la guerre d'Irak. La libération des Irakiens doit englober tous ses citoyens, y compris les Assyriens et pas seulement les Sunnites, les Chiites et les Kurdes.
La suppression de l'article 50 supprime les droits des Assyriens et des autres minorités. Si c'est un moyen de détruire la structure ethnique de l'Irak, cela ne réussira pas. Le suppression de l'article 50 n'effacera pas la diversité des cultures, des religions et des communautés ethniques qui forment l'Irak. Mais ce que fera la suppression de cet article ce sera de faire revenir l'Irak dans le vieux chemin de la dictature en maltraitant ses minorités.

Les Assyriens de tous les coins du monde, y compris l'Irak, se sont rassemblés dans des manifestations paisibles pour exprimer leur solidarité contre la suppression de l'article 50.
Aujourd'hui, les Assyriens de la Californie du sud ajoutent leurs voix à celles de leurs frères et sœurs à travers le monde. Le Président de l'Irak, Jalal Talabani, le Premier Ministre Nouri-al-Maliki et le Ministre des Affaires Etrangères Hoshyar Zebari, ont déclaré récemment dans différentes interviews qu'ils allaient immédiatement faire changer la loi.

Bien qu'on ne puisse pas toujours compter sur les promesses des politiciens, la nation assyrienne compte sur eux pour bien agir et restaurer l'article 50 afin d'assurer légalement la protection des droits des Assyriens et de toutes les minorités.

Si la suppression de l'article 50 est le coup final des attaques envers les Assyriens pour assurer un déracinement complet de ces Chrétiens d'Irak par une émigration de masse ou une assimilation ayant pour résultat la perte complète de l'identité assyrienne, soyez assurés que l'identité assyrienne ne sera jamais perdue.


Rosie Malek-Yonan est une Assyrienne, actrice, directrice et auteure de "The Crimson Field", c'est une militante franche, et avocate des problèmes concernant les Assyriens, attirant particulièrement l'attention sur le Génocide assyrien et la détresse des Assyriens d'Irak depuis que les USA ont envahi l'Irak en 2003. Voir son site: www.RosieMalek-Yonan.com et www.thecrimsonfield.com/

Merci à Rosie-Malek-Yonan pour son aimable autorisation.